“La céramique dans le monde méditerranéen : De l’Antiquité à la contemporanéité”

Depuis des temps immémoriaux, la mer Méditerranée a été le témoin d’événements historiques importants qui ont conditionné l’ensemble de l’humanité, établissant un pont entre les cultures des grands empires, du nord au sud, de l’est à l’ouest. Il suffit d’en citer quelques-uns pour comprendre la dimension historique exceptionnelle de cette partie du monde : Phéniciens, Grecs, Carthaginois, Romains, Arabes et Ottomans, sans oublier les cultures qui se sont développées à leurs côtés, comme les Hittites, les Hébreux, les Égyptiens, les Berbères, les Palestiniens, les Italiens, les Français, les Espagnols, les Turcs, les Portugais ou les Croates, entre autres.

Si la Méditerranée a été un pont fécond entre les cultures, une irradiation de la connaissance, elle a aussi été une mer d’affrontements, de guerres, de migrations forcées et, à notre époque, malheureusement, elle a aussi été la tombe de nombreux émigrants qui ont tenté de la traverser dans des conditions très précaires.

La céramique n’est pas restée à l’écart de cet intense échange de connaissances, donnant son nom à certaines des productions les plus remarquables, comme la « faïence » (en raison de son origine à Faenza, en Italie), la « majolique » (de Majorque) ou certaines des techniques céramiques les plus remarquables, comme les émaux, les lustres ou les fours bicaméraux (appelés « mauresques » en Espagne), qui sont arrivés en Europe par l’intermédiaire de l’Islam au Moyen-Âge, ou les carreaux portugais, dont le nom dérive de l’arabe « al-zulaich », qui signifie petite pierre polie.

Curieusement, le Portugal n’est pas baigné par la Méditerranée, mais il peut être considéré comme un pays de culture méditerranéenne orienté vers l’Atlantique, ce qui lui confère une vision tout à fait unique. Le fait que l’Académie internationale de la céramique ait choisi le Portugal pour célébrer son 51e Congrès n’est pas une coïncidence, car il existe peu de pays au monde où la céramique est aussi profondément ancrée dans la culture et constitue un « art national » qu’au Portugal. Dans ce pays, la céramique est omniprésente, depuis les magnifiques carreaux qui recouvrent les façades et les intérieurs des bâtiments historiques les plus importants et les plus beaux, jusqu’à l’extraordinaire production de porcelaine de Vista Alegre, en passant par des productions uniques comme celle de Bordalo Pinheiro, la vaisselle noire de Tondela, les coqs de Barcelos ou de nombreuses autres productions traditionnelles qui confèrent un caractère unique à la céramique portugaise. À cela s’ajoute la céramique d’art contemporain qui a de plus en plus d’impact sur l’univers de la céramique mondiale. Nous ne sommes pas surpris que l’institution locale qui organise le Congrès, l’Association portugaise des villes et des villages de la céramique, compte 29 municipalités affiliées, un nombre très élevé pour un pays de la taille du Portugal. À tout cela, il faut encore ajouter une grande industrie de la céramique utilitaire et décorative, l’une des plus puissantes d’Europe, qui exporte la grande majorité de sa production.

Le Congrès AIC 2024 se concentrera sur la céramique dans le monde méditerranéen, de l’Antiquité à l’époque actuelle, se déroulant surtout en deux journées de débats et de courtes conférences : la première, axée sur les  » Confluences céramiques en Méditerranée : une vision historique « , qui examinera comment, tout au long de l’histoire, les différents peuples et cultures du pourtour méditerranéen se sont influencés mutuellement pour produire de merveilleuses créations céramiques, avec des techniques qui ont perduré jusqu’à aujourd’hui.

La deuxième journée sera consacrée à l’étude de ce qui se passe actuellement dans le domaine de la céramique méditerranéenne. Nous voulons savoir quelle est la dynamique actuelle, quelle est la réalité, quelles sont les relations entre les différents territoires, quelles sont les confrontations, quelles sont les richesses qui unissent et séparent les cultures céramiques et quelles sont leurs faiblesses. Nous voulons savoir ce que font les artistes de ces territoires et quelles sont leurs perspectives d’avenir.

Nous voulons débattre et parler de tout cela à Alcobaça et à Caldas de Rainha, dans une atmosphère détendue, mais avec le plus haut niveau d’exigence. Comme toujours, le Congrès sera accompagné de plusieurs expositions de céramiques nationales et internationales, d’une route à travers le sud du Portugal (avant le Congrès) et d’une autre à travers le nord du pays (après le Congrès), d’une soirée consacrée à l’UNESCO, d’une autre consacrée à l’accueil des nouveaux membres et, bien sûr, de l’assemblée générale de l’Académie et d’une belle fête d’adieu.

Dans un pays au climat merveilleux, à la gastronomie inégalée, à l’environnement culturel et à la qualité de vie parmi les meilleurs au monde, nous sommes sûrs que le Congrès sera un succès, tant en termes de contenu que de participation, et qu’il laissera un excellent souvenir à une partie des participants. Ne laissez personne le manquer !